Le centième achevé. Piano... ma sano ?

Thierry est (encore) descendu donner un coup de main, surtout pour le "gros oeuvre". Grâce à lui, le poulailler est en travaux et nous avons décidé de faire dériver les eaux de la fosse septique plus bas, afin de dégager la cuve (qui pue à cause de ça), tout en utilisant ce matériau (caca transformé) pour la culture.

A terme, nous voulons comme par le passé pouvoir nous baigner dans une cuve d'eau saine. Avant, c'était un peu la campagne ici. Il faut s'habituer à ce bruit continu de pneu sur le bitume, allant à plus de 70km/h, à peine cent mètres plus bas. Si c'était régulier, ça ressemblerait à des vagues.

L'eau... imaginaire.

Il va falloir encore attendre de trouver une solution pour les eaux grises que nous avons fait arriver dans cette cuve pour éviter de polluer le jardin.

Les voisins qui nous avaient proposés de nous connecter au réseau des égouts semblent revenir sur leurs décisions, nous ont parlé de "test" à faire d'abord.

Les fleurs poussent.

Les premiers fruits apparaissent.

A vue d'oeil, quand on se met tout en haut du jardin, je peux contempler les zones de culture déjà achevées et arriver plus ou moins à savoir quelle est la proportion du travail restant : 

Je pense avoir préparé seulement 1/50e de ce qui peut se faire dans le jardin. Mais concernant les trois ou quatre terrasses les plus proches, je suis plutôt à 1/15e.

Le printemps rend les adventices très coriaces. Je ne peux désormais presque plus préparer la terre comme en hiver. Je m'explique : il faut, dès le début de l'automne quand on décide de faire entrer une parcelle en repos, la couvrir, attendre la fin de l'hiver pour préparer les zones allègrement, chiendents et cie ayant été considérablement affaiblis par tous ces facteurs (obscurité, froid).

Dorénavant, je passe dix fois plus de temps à préparer les parcelles dont j'ai besoin pour avoir le plus de plantes possibles. 

Par ailleurs, j'ai réfléchi sur les possibilités qui s'offrent à moi afin de me faire de l'argent. Par la CAF, depuis le mois de novembre 2017, je n'arrive pas à toucher mes droits, pas un centime, malgré des démarches à n'en plus finir, malgré des coups de téléphone, malgré un bon niveau de langue....

Quand je vois les gens en rage à Paris... Je ne brûle pas les macdo ni les boutiques d'assurance automobile... Mais je comprends cette haine, cette frustration intense qui conduit un peu à faire n'importe quoi, du chaud, du show. Un peu de ma peine s'en va avec ces images, mais en les regardant je suis absente : Si ça se trouve, ce sont les milices fascistes qui font ça, ou même des flics. Pour décrédibiliser. Pour que tout soit parfaitement confus. 

Si seulement on pouvait reprendre le contrôle de nos force de travail dans une société plus juste. 

Il faut avoir énormément de courage, pour être à la charge d'une famille et monter un syndicat dans son Franprix de la rue Montorgueil et faire évoluer, en défiant les politiques managériales de division, les conditions de tous ceux qu'on pourrait à nouveau sans honte et sans peur, appeler "camarades". Il faut aussi se sentir en droit de faire ça.

C'est bien beau de dénier la réalité comme on le fait tous, mais à un moment si on ne prend pas en compte la souffrance des opprimés et celle de la Terre, on se prend un coup de roseau en retour dans l'oeil qu'il nous restait pour voir. 

La police semble défendre les intérêts de la nation capitaliste, nation elle-même au service d'un monde complètement dérégulé, qui en plus, en ce moment ose se cacher derrière la notion de légalité. De temps en temps, si la police fait son boulot de protection des gens en danger (jamais vu, vu le contraire), arrêter sans violence un violent, une furibarde assoiffée de vengeance, ou pire, un Bolloré, la justice se chargera avec douceur de ceux qui ont de quoi arroser les pliables. C'est-à-dire presque tout le monde. Chacun ayant sa porte, dans cette société quasi kafkaïenne. 

Pour rester "en mode littérature" sans vergogne... La novlangue au sommet de son art rouleau-compressif :  Notre président, face aux journalistes, qui nous dit "mais non voyons, le mot correct, c'est OPTIMISATION fiscale." Le journaliste : "Euh... euh... moi... je pense que c'est plutôt EVASION fiscale..." et s'en suit un débat d'une profondeur sans pareille : "optimisation. " "évasion" "optimisation" "évasion". Je crois que c'est celui qui a les dents les plus pointues qui a gagné, et le français (lequel franchement ?) s'est dit "Ah, ben si c'est de l'optimisation, c'est cool ça." Des mots-valises, des mots-vaselines.

Le capital, dans sa stricte définition, ne peut fonctionner que s'il utilise l'homme comme une machine, au service de la machine, et n'a qu'une seule fin : faire davantage de bénéfices court-terme. Pour faire davantage de bénéfices, il faut produire plus à moindre coût. C'est-à-dire, pas en faisant de la permaculture (l'humain au centre), mais en faisant travailler les gens dans des conditions qui coûtent le moins cher possible à l'entreprise (profit au centre). Voilà pourquoi, au lieu d'aller vers toujours plus de bien-être au travail (les gens, s'ils produisent plus, devraient donc être mieux payés, avoir plus d'avantages), on fait tout le contraire. Ainsi par exemple l'argent de nos impôts, comme l'argent en général quand il est dans les mains de ceux "payés" pour nous maintenir ensemble, est très bien optimisé. Lolololol qu'est-ce que c'est rigolo. Ouais, mais le problème c'est que ces conneries tuent chaque jour. Dans l'indifférence ? Non, pas du tout. Dans le cynisme probablement, d'un côté, l'endoctrinement, de l'autre. Et surtout, faire en sorte que nous ne puissions pas nous organiser. Diviser. Tout en affaiblissant la nation-entreprise (le service public), pour que les multinationales, disant oeuvrer pour le bien-commun, puisse continuer de générer des emplois. Comme s'il n'y avait qu'un moyen de s'en sortir face au mur qui arrive : accélerer... comme si nous pouvions passer au travers. Oui, mais les membres les plus faibles, là-dedans, s'en sortent brisés.

Je ne vois dès lors qu'une seule solution : que les travailleurs se réapproprient la chaîne de production. Ensemble, on est moins fragiles. On doit lutter les uns avec les autres. Ne pas se laisser diviser. Et quand je dis ça, je veux dire, non seulement à l'intérieur de notre pays, mais aussi à l'extérieur, dans cette nation mondialisée qui prend forme. 

Quand on a beaucoup d'argent, vivre comme un porc, ça fait mal à beaucoup de monde. L'impact est forcément plus fort. D'autant plus que tant de gens, voyant ces porcs nager dans le luxe, s'en payent à moindre frais, allant chercher auprès de plus pauvres qu'eux dans des pays pas trop lointains une façon de montrer qu'eux aussi ils peuvent s'en payer une bonne tranche.

Après, il ne s'agit pas de refaire le monde tout entier : on peut avoir de très beaux idéaux, plein de bonheur pour l'humanité... Personnellement, j'ai perdu tout espoir. Alors pourquoi écrire ? Pourquoi ne pas lâcher prise ? Me dire que la mort est un cadeau de la vie à la vie et accepter ce cycle-là, dans lequel je ne suis qu'un petit atome gesticulant ? Bonne question. Aurais-je l'espoir de retrouver l'espoir ? Pour dire : je n'y crois pas, mais j'agis quand même. enfin, incapable de me fixer, je dois trouver un moyen de gagner ma vie car je ne sais plus faire autrement. Je mets trop d'Ego enfin, dans cette affaire. Pour parvenir à la vérité, à la justice, à la beauté, à l'amour, tous les moyens sont bons et mauvais. Quelle est notre part de responsabilité dans un jeu qui a commencé depuis la nuit des temps ? 

Sans savoir vraiment si les gens du sommet de la pyramide savent eux-mêmes que nous savons ce que nous ne savons pas et que nous ne savons pas ce que tout le monde veut continuer d'ignorer, écrire. A tord et à travers, parler. En me disant qu'il y a bien des leviers pour inverser l'éternelle vapeur des puissances exponentielles... Mais sans y croire : c'est bien ça l'impossible : c'est l'impossible imagination.

Serais-je capable de faire surgir de la boue de mes passions contradictoires le lotus d'une oeuvre de vie? A moins que la boue ne soit la fleur... Et la fleur, la boue... Ces envies révolutionnaires semblent une résurgence envahissante d'insatisfaction puérile. Tout le monde sait qu'en murissant, on devient plus modérés, capable d'accepter les mille chatoiements de nuances de la réalité. De voir la beauté ailleurs. De se dire que certains, malgré des actions laides en apparences, oeuvrent pour le bien dans leur coeur. L'inverse devrait être vrai aussi. On ne peut pas juger les hommes. Ceux qui acceptent d'être esclaves et ceux qui acceptent d'être maîtres. Ceux qui voient la réalité comme ça. On est aussi un produit, dans ce monde, celui de l'éducation...

Fallait absolument que j'écrive cet article, même s'il semble hors-sujet : cette colère (plus exactement ce dégoût de l'angoisse) est à la fois un moteur et un frein. 

Je ne sais pas encore bien quel fluide la transforme en créativité, en passion, en rage de vivre. 

Quel est son niveau de platitude... universelle. Son French spirit ?

Et maintenant... place au jardin en passe de devenir une ferme un jour ou l'autre : 

Travaux des eaux.

On va faire une terrasse plate. Des centaines de kg de tuiles sur une charpente vermoulue. Après, dans le futur, sans doute une tonnelle ou une serre sur la terrasse plate, mais là je rêve sans point de repère.

Pommes, cerises apparaissent. Groseiller en feuilles, framboisiers...

Vignes...

Partout des fleurs.

Les zones de culture. Les pdt poussent très très bien. Les oeillets aussi. Par contre mes butternuts sont un peu pâles. Je leur ai fait un mélange avec de la pisse, de l'eau et de la bourrache pour leur redonner des oligo-éléments et de l'azote en urgence. ça avait très bien fonctionné la dernière fois sur les pois et navets. Sinon, comme tu le peux le voir, j'entour les jeunes plants fraîchement repiqués avec des herbes comme du plantin, du chiendent sans graines, des feuilles de bourrache.

Les tomates données par une voisine en sac, que j'ai repiquées en solo. Y'a trop de monde, ça mériterait un bon rangement !